“Ad Augusta” : pour rendre à chacun l’estime de soi

“Ad Augusta” : pour rendre à chacun l’estime de soi

Lauréate en 2017 du Prix Tégo de la Solidarité, « Ad Augusta » accompagnent les hommes et les femmes blessés alors qu’ils étaient au service de la Nation et plus particulièrement les blessés psychiques. Thomas Janier, son président revient sur ses actions et ses projets.

Quelle est l’histoire de votre association ?

Cela fait sept ans que nous existons. Le nom de l’association « Ad Augusta » a été choisi par Michel Pech, son fondateur. Il fait référence à la citation latine « Ad augusta per angusta » qui signifie en français : « Vers les sommets par des chemins étroits ». Dans l’esprit, cela signifie que le chemin qui attend les blessés dans leur reconstruction ne sera pas facile et qu’il ne sera pas le même pour tous.

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Quels sont vos liens avec le monde de la Défense ?

Notre association est très proche de l’Institution. Nous agissons en complément de ce que fait l’armée, mais c’est la société civile, par devoir de reconnaissance comme nous l’écrivons avec notre logo, qui agit. Notre modèle est l’association britannique « Help for Heroes » qui accompagne les soldats blessés depuis plus de 10 ans et qui compte plus de 7500 membres.

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Quelles sont les particularités des blessés psychiques ?

Contrairement aux blessés physiques qui souhaitent rester dans l’Institution, les blessés psychiques sont souvent en rejet de l’armée et souhaitent se reconvertir dans le civil. Les différences entre le monde civil et militaire sont très importantes et ce n’est pas facile de s’y adapter quand on a connu que le cadre bien particulier de l’armée. Quand en plus on est fragilisé par une blessure et que son estime de soi est faible, cela devient rapidement insurmontable. C’est d’abord sur ce point que nous intervenons : rendre à chacun l’estime de soi.

Comment accompagnez-vous ces blessés ?

L’association repose sur une méthode mise au point par son fondateur Michel Pech, un ancien officier des Forces Spéciales qui a terminé sa carrière militaire aux Écoles de Saint-Cyr Coëtquidan comme formateur au commandement.
Nous proposons un accompagnement sur mesure, sans durée déterminée.
Dans un premier temps, les médecins nous confient des blessés psychiques pour une première phase de « formation initiale ». Elle est composée d’une succession d’exercices collectifs pratiques, suivis de transpositions à la vie personnelle des personnes accompagnées pour les aider à retrouver de nouveaux repères et de la confiance en soi. Les blessés, qui sont souvent isolés, retrouvent l’esprit de camaraderie propre à l’armée.

Dans un second temps, cette formation, à des rythmes variés et individualisés constitue un parcours de revalorisation de leur potentiel puis de consolidation. Tout cela n’est évidemment possible qu’avec des échanges réguliers avec les médecins traitants de chaque blessé. Parallèlement, se met en œuvre une démarche à la fois technique et psychologique permettant d’aborder sereinement l’idée de réinsertion professionnelle soit dans l’institution soit dans le privé.

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Quel est le but de ce travail ?

Nous cherchons à amener le blessé à avoir l’envie naturelle d’entamer un nouveau projet de vie personnelle ; il est ainsi guidé et soutenu jusqu’au seuil des instances officielles de la reconversion des militaires (Défense mobilité, DRH des armées) qui l’orienteront avec un soutien approprié vers un emploi possible.

Cette phase de maturation lente est sensible, parfois longue, mais indispensable ; elle exige un suivi individuel pondéré pour permettre au blessé d’aller vers la réinsertion sans angoisse supplémentaire comme la suite logique des efforts qu’il a produits jusque‐là. Dans cette dernière phase, il peut être intéressant de passer par des « stages en entreprise ». Pendant quelques semaines ou quelques mois, le blessé est ainsi intégré dans une entreprise, dans un cadre toujours bienveillant, afin de découvrir ce nouvel environnement et ses règles en douceur.

Notre accompagnement prendra fin quand le blessé et le médecin seront d’accord.

De quels moyens disposez-vous ?

Nous avons un centre d’accueil permanent en Bretagne. Afin de nous adapter aux besoins de chacun, nous avons aujourd’hui un centre en montagne (Savoie) et un autre en forêt (Lot-et-Garonne). Cela permet de proposer des activités variées et de nous rapprocher de certains blessés.

En 2016, l’association a mis en place une plateforme de découverte de métiers artisanaux au travers de la rénovation du voilier associatif « Chanceller ». Entourés par des bénévoles et des professionnels, des blessés ont pu ainsi participer à la remise en état de ce bateau en s’impliquant dans des travaux tels que la charpenterie de marine, le travail de la fibre de verre, la mécanique et l’électricité.

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Quel est votre bilan après sept années d’existence ?

Plusieurs blessés ont déjà repris une nouvelle vie et nous sommes heureux de contribuer à ses succès. Nous ne travaillons évidemment pas seuls. Nous avons un partenariat avec l’Hôpital Instruction des Armées de Brest qui suit une vingtaine de « nos » blessés, mais aussi avec les cellules d’aide des différentes armées.

Et vos nouveaux projets ?

En relation étroite avec le service de psychiatrie de l’hôpital de Brest, l’association a initié au mois de juin 2017 un module de réhabilitation solidaire (REHASOL) destiné à accompagner 3 blessés en effondrement psychique et en rupture avec la société.

Ces hommes ont aujourd’hui de gros problèmes d’addictions et viv

ent totalement en dehors de la société. Ils ne sont pas capables d’intégrer un groupe dans l’immédiat. Nous les accompagnons d’abord pour qu’ils règlent leurs problèmes avec l’alcool ou la drogue, ce qui est le préalable à notre action. Nous sommes pour eux un point de repère, un havre de paix où ils peuvent venir se poser. Il nous faut leur donner l’envie de s’en sortir… C’est extrêmement difficile, mais c’est un pan indissociable de notre action. Il demande un investissement de temps qui nous pousse à embaucher une personne pour gérer notre centre d’accueil. Grâce au soutien du Prix Tégo, nous sommes sur la bonne voie pour y arriver.

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Comment peut-on vous aider ?

Nous avons besoin d’adhérents qui seront autant de relais pour faire connaître notre association. Nous avons aussi besoin de bonnes volontés qui pourront donner du temps. Nous nous engageons à les former et les préparer pour être accompagnateurs.

Nous aimerions pouvoir proposer nos stages dans d’autres lieux en France ou encore pouvoir compter sur un réseau d’entreprises prêt à accueillir nos blessés pour leurs premiers pas en entreprise.

Pour en savoir plus :

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