Jeudi 23 octobre, l’AGPM accueillait le professeur Patrick Clervoy, chef du service de psychiatrie de l'Hôpital d’Instruction des Armées Sainte-Anne de Toulon, le lieutenant Pierre-François Rousseau, interne en psychiatrie à l'HIA Sainte-Anne, et le docteur Eric Malbos, praticien dans le service de psychiatrie du Pr. Lançon (CHU Conception, Marseille) et spécialiste du traitement par exposition à la réalité virtuelle.
Ces trois médecins ont présenté aux salariés de l’AGPM leur projet de recherche portant sur l’évaluation de l’efficacité de la Prazosine (un médicament utilisé pour traiter les patients souffrant de stress post-traumatique) par rapport à la psychothérapie EMDR sur les troubles du sommeil dans l’état de stress post-traumatique (ESPT).
Pour cela, ils vont étudier les réactions du cerveau des patients avant et après le traitement afin de comparer les zones « activées » en cas de stress.
« Une victime d’ESPT vit une hyperfocalisation des détails du traumatisme. Il en revit tous les signes annonciateurs et la Prazosine intervient pour améliorer le fonctionnement des zones du cerveau qui ne jouent plus normalement leur rôle. D’un côté l’amygdale -le système d’alerte « primaire » face aux dangers- fonctionne en permanence, et dans le même temps, le cortex préfrontal -qui module les messages nerveux de l’amygdale pour favoriser le retour à la normale- dysfonctionne également et ne joue plus son rôle d’inhibiteur. Ces dysfonctionnements créent un sentiment de peur permanent et ont une conséquence directe notamment sur la vie sociale du patient (désocialisation) et son sommeil », explique Pierre-François Rousseau qui va mener ce projet.
Le protocole de l’étude intitulée Prazostress sera le suivant :
1. Mesure de l’activité cérébrale pendant le sommeil pour localiser les phases perturbées (phases nécessaires au traitement de l’information et à l’élimination notamment des émotions négatives)
2. Enregistrement de l’activité des neurones pendant ces phases. En effet, le cerveau se reformate en permanence notamment pendant le sommeil paradoxal et l’ESPT perturbe cette réarchitecture.
3. Utilisation de la réalité virtuelle afin de plonger le patient dans une réalité contrôlée de conflit armé en zone de combat (ici l’Afghanistan) pendant laquelle l’activité des zones affectées est à nouveau mesurée.
C'est dans cette dernière phase que l’équipe de recherche va utiliser le casque de réalité virtuelle. C’est le Dr. Malbos, du service de psychiatrie du Pr. Lançon (CHU Conception, Marseille), qui va l’assister dans son utilisation. « Je traite déjà des patients grâce à la réalité virtuelle pour des phobies comme la peur de prendre l'avion, la claustrophobie, etc. Dans le cadre de cette étude, j’ai conçu, grâce au conseil de médecins militaires, un environnement de réalité virtuelle qui replongera les patients en opérations en Afghanistan et où ils revivront un accrochage. »
Extraits de l'environnement de réalité virtuelle spécialement créé pour cette étude
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L’objectif de cette recherche qui devrait durer environ trois ans, est de mieux comprendre les mécanismes cérébraux qui entrent en œuvre dans l’état de stress post-traumatique, d’observer les effets de l'EMDR ainsi que du médicament et notamment l’action des principes actifs afin d’améliorer le protocole de traitement de l’ESPT.
Cette recherche complexe et coûteuse s’appuie sur de nombreux partenariats et l’AGPM est fière d’y apporter son soutien dans le cadre de ses actions de solidarité au profit des militaires blessés.
Si vous êtes militaire et atteint d’un état de stress post-traumatique, vous pouvez participer à cette recherche. Pour cela, téléphonez au service de psychiatrie de l’HIA Sainte-Anne (04 83 16 21 77) et le psychiatre en charge de cette recherche vous expliquera plus en détails les modalités de participation.
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