L’état de stress post-traumatique : une affection bien réelle (1/3)

L’état de stress post-traumatique : une affection bien réelle (1/3)

L'année dernière, l'AGPM a financé l'achat d'un casque de réalité virtuelle qui sera utilisé dans la recherche médicale sur l'état de stress post-traumatique. Parmi les médecins associés à cette recherche, le Pr. Clervoy, chef du service de psychiatrie de l’Hôpital d’Instruction des Armées Sainte-Anne de Toulon. Ce psychiatre est l'un des spécialistes français de l'état de stress post-traumatique. Nous l'avons rencontré afin d'en savoir plus sur ce syndrome qui touche de plus en plus de militaires.

Professeur Clervoy, pouvez-vous nous expliquer comment le stress influe sur notre cerveau ?

Patrick Clervoy : Notre psychisme est une fonction du corps qui permet notre adaptation à un grand nombre de situations. Cependant, des situations de menaces brutales et violentes provoquent un stress intense. Ce stress intense a des répercussions sur les cellules nerveuses surtout au niveau du système limbique. C'est le siège des émotions. Lors d’un stress aigu, le cerveau sécrète de grandes quantités de glutamate ; les systèmes de régulation sont mis en défaut et le glutamate, en excès, abime les cellules.

Quelles en sont les conséquences ?

P. C. : Ces cellules résistent, mais en moins bon état. Cela provoque un trouble, une « blessure psychologique » que l'on appelle aussi « état de stress post-traumatique ». Cela atteint la mémoire et les émotions. Lorsque l'on a été confronté à une menace vitale, exposé à des séquences de bataille, le cerveau garde ces informations. Ensuite, il suffit d'un léger stimulus et le souvenir du traumatisme revient brutalement à la conscience. C’est pourquoi nos vétérans détestent certaines fêtes : chaque bruit de pétards les renvoie à ce stress.

Comment cela se traduit-il ?

P. C. : Un blessé psychologique souffre des souvenirs et des émotions liées. La reproduction du souvenir leur fait mal. On parle d' « ecmnésie » (du grec : souvenirs étrangers), de flash-back. Les vétérans sont envahis par ces scènes, y compris pendant leur sommeil. Ils revivent mille fois la séquence de la blessure… Pour contourner cela, ils évitent de dormir, prennent des substances comme l'alcool ou encore restent cloîtrés chez eux.

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